Le désaffleurement carrelage est une problématique fréquente dans les chantiers de pose, qu’il s’agisse de projets neufs ou de rénovations. Souvent confondu avec d’autres défauts de finition, il demeure un point de vigilance essentiel tant pour les professionnels que pour les clients exigeants. Ce défaut, bien qu’admis dans certaines limites par les normes DTU, reste une source majeure d’insatisfaction esthétique. Ce guide passe en revue les tolérances réglementaires, les méthodes de contrôle qualité, et les bonnes pratiques pour prévenir le désaffleurement carrelage.

Définition du désaffleurement
Le désaffleurement carrelage désigne une différence de niveau entre deux carreaux adjacents, perpendiculairement au plan de pose. On parle aussi de « bec » ou de « tranche » lorsque cette différence est perceptible au toucher ou à l’œil.
Il concerne aussi bien les poses murales que les poses au sol, et peut être ressenti de manière plus marquée dans le cas de carrelage rectifié, aux arêtes vives et aux joints minces.
Concrètement, ce défaut technique compromet l’esthétique, provoque une gêne à la marche et peut même, dans certains cas, devenir accidentogène.
Normes DTU et tolérances admissibles
Selon le DTU 52.2, le désaffleurement carrelage est admissible à hauteur de 0,5 mm, majoré du dixième de la largeur du joint. Par exemple :
- Joint de 4 mm → tolérance de 0,5 + 0,4 = 0,9 mm
- Joint de 10 mm → tolérance de 0,5 + 1 = 1,5 mm
Pour les poses murales, la limite est généralement plus stricte : 1/3 de la largeur du joint, dans la limite des 1,5 mm.
🔎 Attention : ces tolérances s’appliquent à des ouvrages considérés conformes, mais ne garantissent pas une satisfaction esthétique.
Techniques de mesure du désaffleurement
Le contrôle du désaffleurement carrelage peut être réalisé à l’aide de :
- Règles métalliques de 20 à 200 cm,
- Équerres de maçon ou calibres spécifiques,
- Lames d’épaisseur pour une mesure plus précise.
L’évaluation se fait idéalement avant le jointoiement, car les joints ne compensent jamais un désaffleurement. On vérifie également à la hauteur d’observation normale, à environ 1,65 m, avec un éclairage non rasant (norme NF EN 154).
Causes principales du désaffleurement
Le désaffleurement carrelage peut résulter de nombreuses causes, dont voici les plus fréquentes :
- Support non plan : absence de ragréage, défaut de chape.
- Mauvais encollage : encollage insuffisant ou trop épais, absence de double encollage.
- Carrelage déformé : cintres d’usine sur les formats longs.
- Erreur de pose : manque d’expérience, précipitation ou matériel inadapté.
- Déplacement après pose : circulation trop rapide dans les locaux (avant séchage de la colle).
🛠 Un carrelage bien posé sur un support préparé ne présente généralement aucun désaffleurement significatif.

Impact du carrelage rectifié
Le carrelage rectifié est connu pour amplifier visuellement tout désaffleurement. En effet, ses bords droits et nets, souvent associés à des joints très fins, laissent peu de marge d’erreur.
Dans ce contexte, le double encollage devient une technique quasi indispensable. Il permet :
- Une meilleure répartition de la colle,
- Une correction fine du niveau,
- Une meilleure adhérence globale.
💡 Pour poser un carrelage rectifié sans désaffleurement, il faut une parfaite maîtrise technique et un temps de pose adapté.
Solutions préventives et correctives
Prévention avant pose
- Effectuer un ragréage soigné pour garantir la planéité,
- Privilégier le double encollage,
- Utiliser des peignes adaptés aux formats posés,
- Employer des cales de nivellement pour le maintien lors du séchage,
- Interdire toute circulation pendant 24h dans les locaux P2/P3.
Correction après pose
- Contrôler avec une batte de carreleur ou règle,
- Déposer et reposer les carreaux trop désaffleurés,
- Si l’ensemble est concerné, un reprise globale peut être nécessaire.
Il est à noter que les recours pour désaffleurement carrelage aboutissent rarement en justice, car le désordre est souvent considéré comme purement esthétique s’il reste dans les tolérances DTU.
Conclusion
Le désaffleurement carrelage est un désordre courant mais évitable. En respectant les règles de l’art et les tolérances définies par les DTU, on peut garantir une pose à la fois conforme et esthétiquement réussie. Dans le cas particulier du carrelage rectifié, la vigilance est d’autant plus cruciale.
Professionnels du bâtiment, architectes ou particuliers, un contrôle qualité rigoureux est la meilleure garantie contre les désaffeurements visibles… et les litiges.

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