Lorsqu’on parle de la pose de carrelage, on pense souvent aux aspects esthétiques et au choix du revêtement. Mais un élément technique est tout aussi crucial pour garantir la durabilité de l’ouvrage : le joint de fractionnement carrelage. Ce dispositif discret joue un rôle majeur dans la prévention des fissurations et des décollements, en particulier sur les grandes surfaces.
Découvrons ensemble pourquoi et comment bien le mettre en œuvre.

Définition du joint de fractionnement
Le joint de fractionnement carrelage est un type de joint destiné à absorber les mouvements du support (chape ou dalle) afin de prévenir la fissuration du revêtement. Il sert à diviser la surface carrelée en zones indépendantes, permettant ainsi aux matériaux de se dilater ou se contracter sans créer de tensions internes.
Contrairement aux joints de dilatation, qui sont des joints structurels intégrés dès la conception du bâtiment, les joints de fractionnement sont spécifiquement pensés pour le revêtement de sol, notamment dans les projets de carrelage.
Normes DTU et obligations réglementaires
La pose des joints de fractionnement carrelage est encadrée par plusieurs Documents Techniques Unifiés (DTU) :
- NF DTU 52.2 : Pose collée des revêtements céramiques.
- NF DTU 26.2 : Chapes et dalles à base de liants hydrauliques.
- NF DTU 20.1 : Ouvrages en maçonnerie de petits éléments.
Ces normes imposent des distances de fractionnement précises selon le type de support :
- Chape ou dalle adhérente : fractionnement tous les 60 m² (ou 8 m linéaires).
- Chape ou dalle désolidarisée ou flottante : tous les 40 m².
- En extérieur : tous les 20 m² maximum.
Le respect de ces prescriptions permet de garantir la pérennité du carrelage et de prévenir tout désordre structurel.
Situations nécessitant des joints de fractionnement
La mise en place d’un joint de fractionnement carrelage est indispensable dans plusieurs cas :
- Grandes surfaces à carreler (salles, halls, open-spaces…).
- Présence de plancher chauffant, où les variations de température sont fréquentes.
- Locaux humides ou soumis à des variations hygrométriques.
- Pose en extérieur, exposée aux changements climatiques.
- Couloirs ou pièces de forme allongée, où les tensions sont concentrées sur la longueur.
Dans ces contextes, l’absence de joint de fractionnement peut entraîner des soulèvements de carreaux, des fissurations visibles, voire la désolidarisation complète du carrelage.
Technique de réalisation
La mise en œuvre d’un joint de fractionnement carrelage peut s’effectuer avant ou après la pose du carrelage :
- Avant la pose : lors du coulage de la chape, on prévoit des bandes compressibles ou des profilés à l’emplacement souhaité.
- Après la pose : on creuse une rainure (à l’aide d’une meuleuse) dans le carrelage et le mortier de pose. Cette saignée est ensuite remplie d’un mastic élastomère ou d’un profilé souple.
Dans tous les cas, le joint doit idéalement traverser toute l’épaisseur du mortier de pose et du carrelage, voire les deux tiers au minimum.
Matériaux et outils spécialisés
Plusieurs matériaux peuvent être utilisés pour réaliser un joint de fractionnement carrelage :
- Profilés aluminium, laiton ou PVC : faciles à poser, ils garantissent une finition soignée et peuvent aussi jouer un rôle décoratif.
- Mastic élastomère : type silicone ou polyuréthane, utilisé pour les joints souples.
- Fond de joint mousse : inséré sous le mastic pour limiter la profondeur du joint.
- Sable ou silice : saupoudrés sur le mastic pour une meilleure adhérence en surface.
Les outils indispensables comprennent : meuleuse à disque diamanté, spatule de lissage, pistolet à mastic, règle de maçon, et niveau à bulle.

Types de joints de fractionnement
Il existe plusieurs types de joints de fractionnement carrelage, selon leur forme et leur fonction :
- Joint creusé : réalisé après séchage de la chape, puis rempli de mastic.
- Joint incorporé : intégré au moment du coulage de la chape ou de la pose du carrelage avec un profilé.
- Joint décoratif : en laiton, aluminium ou PVC, servant à la fois de fractionnement et d’élément visuel.
- Joint sur mesure avec insert en caoutchouc : recommandé pour les zones à fort trafic (centres commerciaux, parkings…).
Le choix du type dépend de l’usage du local, du niveau de trafic et du rendement esthétique souhaité.
Erreurs fréquentes et solutions correctives
Mal posés ou oubliés, les joints de fractionnement carrelage peuvent entraîner des désordres importants :
- Fissures apparaissant quelques mois après la pose.
- Carrelage qui se soulève sur de grandes surfaces.
- Problèmes d’étanchéité en zones humides.
- Décollements en périphérie ou aux angles.
Pour éviter cela :
- Respectez les normes DTU en matière d’espacement.
- N’omettez pas les joints dans les couloirs ou les grandes pièces.
- Choisissez des matériaux adaptés à la fonction (résistance au trafic, compatibilité avec l’extérieur).
- Faites appel à un professionnel, notamment pour les poses sur plancher chauffant ou sur dalle flottante.
Conclusion
Le joint de fractionnement carrelage est un élément technique essentiel à la durabilité et à la stabilité de vos sols carrelés. Il prévient les effets des dilatations et contractions naturelles du support, assure un rendu esthétique durable et évite des réparations coûteuses. Bien positionné, bien dimensionné, et réalisé avec les bons matériaux, il devient un gage de qualité pour tout projet de revêtement.

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